L’interview des Assos – Découvrez SOS KRIZ

A l’occasion des semaines de la Santé Mentale et de la Journée Nationale de Prévention du Suicide du 10 septembre, France Assos Santé Martinique a souhaité mettre en valeur les actions de SOS KRIZ, association de santé publique qui a pour objet de prévenir les problématiques de santé mentale, notamment du suicide mais aussi des traumatismes liés à l’inceste.

Pour ce faire, le Professeur Louis JEHEL, Professeur de Psychiatrie, médecin et Président de SOS KRIZ ainsi que Madame Fabienne SAINTE-ROSE, Coordinatrice de SOS Kriz, ont été interviewés par les équipes de FAS Martinique. Cet échange a donné lieu à une vidéo qui sera disponible prochainement, sur nos réseaux.

   

Aujourd’hui, nous vous livrons quelques informations et anecdotes de SOS Kriz avant de découvrir l’interview en vidéo.

Créée en 2016, l’aspiration fondatrice de l’association était celle de répondre aux problématiques de santé mentale rencontrées sur le territoire martiniquais, peu adressées et surtout largement sous-estimées. Madame SAINTE-ROSE parle même de « déni collectif total » face à ces problématiques. Après des formations au Canada, au côté de Monique SEGUIN, Professeure au département de Psychologie de l’Université du Québec, le Professeur JEHEL et Fabienne SAINTE-ROSE créaient SOS KRIZ. En parallèle, Fabienne SAINTE-ROSE monte l’association Lamevit, pour les 1001 victimes d’inceste et de traumatismes.

Pour SOS KRIZ, il s’agit de proposer des réponses aux problèmes de santé mentale rencontrées tout en ne tombant pas dans l’approche stigmatisante que revêt le terme « psychiatrie ». Le Professeur le rappelle, les axes d’intervention de l’association sont pluriels « pour nous, cest très important de nous engager dans une démarche multimodale pour répondre aux besoins de la population. »

Une démarche daction multimodale pour répondre aux besoins de la population

Axe 1 : La formation

On retiendra en premier lieu la formation, qui ouvre ensuite l’accès à la possibilité d’effectuer les permanences téléphoniques à Bellefontaine. Pour le Professeur JEHEL, l’objectif est « douvrir une action de santé communautaire », ce que l’Organisation Mondiale de la Santé recommande fortement. Il s’agit ici de « donner à la population la possibilité de connaitre des outils qui vont lui permettre de faire face à des situations auxquelles elle peut-être exposée sans attendre immédiatement ou systématiquement le recours des professionnels de santé ». Le Professeur JEHEL le précise, leur force c’est le travail avec les professionnels de santé mais surtout le partage de leurs connaissances par le biais de la formation à des personnes qui vont s’engager auprès de SOS KRIZ. Pour le professeur, « cest très important de disposer de ressources dans la communauté pour faire face ».

Ici, on relève deux qualités fortes des actions de santé communautaire :

  • Le renfort de la capacité de répondre à un plus grand nombre de personnes en situation de crise
  • La possibilité de donner à la personne qui reçoit la formation, lorsqu’elle est confrontée à une situation même à l’extérieur de l’association, de comprendre, intervenir, réguler, identifier les éléments de gravité et mobiliser avec justesse le professionnel de santé pour venir en aide à une personne en situation de crise.

En Martinique, plus de 700 personnes ont été formées à l’intervention de crise sur le territoire de la Martinique.

Axe 2 : Les permanences téléphoniques

Les permanences téléphoniques sont ainsi le deuxième axe d’intervention de l’association. Toutes les populations sont représentées au sein des préventeurs, majoritairement des femmes. Selon les mots de Fabienne, au sein de SOS KRIZ, on développe « la clinique du souci de lautre et la lutte contre lindifférence ». Les permanences téléphoniques permettent de faire l’intervention de crise mais le Professeur JEHEL rappelle que cette modalité est complétée par une expertise pour intervenir « sur site » avec des professionnels de santé. Par ailleurs, SOS KRIZ s’est lancée depuis quelques années dans une opération de digitalisation de ses actions. Aussi, dans quelques temps un nouveau site internet sera proposé à la population ainsi qu’un chatbot (outil de conversation numérique) pour faciliter l’expression des personnes qui ne le font pas par le biais des permanences (les jeunes notamment).

 Axe 3 : Les manifestations grand public

Pour continuer dans l’approche de santé communautaire, le troisième axe d’intervention de SOS KRIZ réside dans lorganisation de conférences Grand public et dinterviews et lanimation de deux journées par an : la journée mondiale de prévention du suicide (JMPS) et les Rencontres de SOS KRIZ qui réunissent partenaires passés, actuels et futurs. A ce jour, 6 rencontres ont déjà eu lieu sur le territoire martiniquais.

Axe 4 : La production de films danimation

Le quatrième axe d’intervention est celui de la production de films danimation, grâce au concours du réalisateur Alain BIDARD. Ces films visent à mettre en lumière les problématiques de santé mentale. A plusieurs reprises, ces films se sont distingués au niveau international par des prix et des récompenses.

Axe 5 : Lactivité de recherche

Enfin le cinquième axe, non négligeable, de SOS KRIZ est celui de la recherche. L’association est engagée sur un certain nombre de travaux avec des équipes de recherche sur la prévention du suicide. C’est actuellement le cas avec l’INSERM et l’équipe de recherche MOONS. SOS KRIZ participe également à l’AUTOPSOM, porté par le CHU de Martinique, dans une collaboration avec INSERM : il s’agit ici de conduire des « autopsies » psychologiques sur les territoires d’outre-mer afin de mieux connaître et comprendre le suicide sur ces territoires. Ce travail est mené avec la Picardie (en région de comparaison), la Polynésie française, la Guyane française et l’île de la Réunion et peut être bientôt la Guadeloupe. L’association SOS KRIZ va être proposée comme soutien possible aux 15 familles questionnées et qui ont vécu un suicide.

Une mobilisation forte de SOS KRIZ pendant la crise sanitaire

Dans le cadre de la quatrième vague COVID, l’association SOS KRIZ a été sollicitée par le Préfet et la Cellule d’Urgence Médico-Psychologique pour venir en renfort des professionnels de santé dans la gestion de cette crise et notamment pour assurer le suivi psychologique des patients COVIDOM.

Ce sont près de 500 patients, qui après leur hospitalisation liée au COVID, sont rentrés chez eux avec un niveau d’inquiétude élevé, parfois des moments de peur et de détresse intense, qui caractérisent selon les mots du Pr. JEHEL un psycho-traumatisme.

Pour absorber la croissance des appels, SOS KRIZ a dû se mobiliser rapidement. Effectivement, en juillet le nombre de préventeurs était insuffisant pour faire face à l’afflux. Une formation a ainsi été organisée en urgence, 98 personnes ont pu être formées sur deux jours et renforcer l’équipe des préventeurs. En Août, la plateforme téléphonique de SOS KRIZ a accueilli 677 appels.

Le Professeur JEHEL et Madame SAINTE-ROSE appelle à la vigilance, face à l’état de crise actuel (et sa prolongation) « il y a un état d’épuisement physique et psychique de la population martiniquaise qui est préoccupante ». Pour eux, il est fondamental de « rester attentif à nos fragilités et limites mais aussi aux besoins de construire ensemble quelque chose ». Aussi, malgré ce contexte de crise sanitaire, SOS KRIZ a maintenu l’organisation de la Journée Mondiale de Prévention du Suicide du 10 septembre.

Trois valeurs essentielles pour SOS KRIZ : authenticité, solidarité et humilité

Ce triptyque de valeurs assure la solidité et la pertinence de SOS KRIZ sur le territoire martiniquais mais aussi par-delà l’océan. Sur l’ensemble du territoire français, cette association propose une approche véritablement singulière par rapport aux actions des associations œuvrant dans le champ de la santé mentale. Sans nul doute, il y a lieu pour de nombreux acteurs de s’inspirer de la philosophie et des méthodes mis en œuvre par les équipes de SOS KRIZ.

Pour conclure, et puisque dans ce contexte de crise (qu’elle soit sanitaire ou de confiance), nous souhaitons mettre en lumière les propos de Professeur JEHEL quant au message qu’il adresserait aux décideurs :

« L’intervention de crise caractérise un moment de désorganisation psychique et un sentiment de peur qui va être amplifié par la gravité de l’évènement ou par l’incapacité ou l’impuissance que l’on a pour y faire face.

Or, il faut savoir que l’intensité de la réaction émotionnelle que la personne a en situation de crise vient brouiller de façon extrêmement importante voire de façon totale ses capacités à raisonner (…) Les schémas dactions qui lui sont alors proposés peuvent, ne peut pas être compris, accessibles au raisonnement car la peur amène à avoir un état irrationnel. Et lirrationnel amène des comportements qui vont peut-être plonger la personne dans des connaissances magico-religieuses dordre de la spiritualité, qui peuvent avoir leur légitimité et prendre une place très importante car les capacités de raisonnement de la personne sont affectées par la peur, à ce moment.

Ainsi, cest important que les personnes touchées qui écoutent les messages de protection ou de prévention soient entendues dans la peur qu’elles ont (sachant qu’elles ont beaucoup de raison davoir peur. Prendre soin de leur peur leur permet davoir un meilleur discernement sur ce qu’elles même peuvent faire pour elles ou pour les autres.

Cette démarche pourrait alors conduire à des schémas d’actions et d’information favorisant chez ces personnes leur réaction de peur. Elles seraient ainsi encouragées à trouver la capacité d’avoir leur propre liberté et améliorer leur discernement. »

France Assos Santé Martinique réitère tout son soutien aux actions conduites par SOS KRIZ.

Restez connecté pour une vidéo de l’interview.

Pour contacter SOS KRIZ : 0 800 100 811

 

 

 

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